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30/10/2010 - J140 - Quinquin est revenu
Au cours d’une accalmie, entre deux averses, le vent a basculé Sud Est 5 nds... et je voulais ramer un peu pour me dégourdir les pattes... Je remonte l’ancre flottante et au passage je vois Quinquin qu’est là... Merde ! il est chiant... Et je me dis qu’en reculant, j’ai dû retomber dans son territoire... Je remonte , je remonte, et un deuxième un peu plus gros passe à côté la barque : alors là ! bravo... Et finalement, quand l’ancre a été pratiquement hors de l’eau, suivait un banc d’au moins une centaine de
poissons... Je ne sais pas ce que c’est comme race de poiscail mais Quinquin et Quinquine ont l’air d’adorer... Je voulais plonger demain pour tout mettre à jour avant de redémarrer, eh bien j’ai moins envie, je gratterai avec les noeuds.
29/10/2010 - J139 - Du Rhum arrangé, non merci
Mon pote Fred de Perpignan, ce sadique, me mettait l’eau à la bouche avec une bouteille de rhum qu’il venait de recevoir d’une patiente... je devenais dingue dans mon rafiot rien que d’y penser. Et puis je me rends compte que c’est une bouteille sans étiquette avec du Rhum et une gousse de vanille dedans... C’est dégueulasse ce truc, c’est du rhum arrangé, c’est sucré comme si tu mettais de la grenadine dans du pinard... ou de la sangria, beurk... Chacun y va de sa petite recette et toi, vu que c’est fait maison, t’es obligé de te l’enquiller... Non, j’aime l’alcool pur, je tolère un peu de jus de citron dans le rhum, mais c’est tout...
29/10/2010 - J139 - Un espace de liberté
C’est formidable la mer, c’est le dernier espace de liberté où tu peux balancer les bouteilles en plastique par la fenêtre et y’a pas un sociétaire de la "protection des trottoirs anti merdes de chien" pour t’emmerder... Il faut quand même un peu batir son sens des responsabilités... En guise de liberté, depuis plusieurs jours, je flotte et je fais un tour sur moi même, un looping... J’ai fait ça sur un rond point nigérien et mal m’en a pris... cette anecdote avait fait rire mes amis nigériens... J’ai travaillé à Niamey, la capitale du Niger pendant un an, en 1996, dans le quartier de Gamkalley et pour retourner en centre ville on devait longer le fleuve sur une route qui s’appelait : "la route de la corniche". Au bout de cette route il y avait le rond point fantastique... pas qu’il soit dangeureux mais pitoresque car il y avait toujours un poulet qui t’attendait avec ses lunettes-glace de policier américain sauf que lui il avait une mobylette.. En général, ils reconnaisaient les blancs, parce que tous les gens sur le bord disaient "Anassara, fofo", ce qui voulait dire "Bonjour, le blanc" et en plus on avait des plaques vertes d’immatriculation temporaire pour être repéré de loin... La première fois, je me pointe, et pof, il me siffle, prrruiiiit... je m’arrête un peu stressé, puisque c’était la première fois et qu’il représentait l’autorité, la vache, il m’immobilise le véhicule parce qu’entre la carte grise et le certificat d’assurance, il y avait 1 chiffre différent sur les 15 que compte le numéro de moteur... et j’ai fini par repartir une heure après avec mon amende...
Je repasse quelques jours plus tard : prrruiiiit, je m’arrête et il me dit :
- Vous avez grillé le Stop...
Je lui fais - Quel Stop ?...
et il me répond, pas géné du tout, - "Je sais, il n’y a plus le panneau mais avant, y’avait un Stop"...
je ne savais pas qu’il fallait en rire et je commence à m’énerver un peu, et je lui dit que clairement il se fout de ma gueule. Et il conclue en me disant :
- Nul n’est censé ignorer la loi...
Trop fort... pour la même infraction il avait répondu à Stéphane, mon collègue dentiste : - "C’est devenu un Stop de tradition orale"...
La fois d’après, j’arrive tranquille et je connaissais mal Niamey, alors je rate ma sortie et je fais un autre tour du fameux rond point : pruuuuiiit, je m’arrête et là, j’ai pris une amende pour "abus de bitume" parce que j’avais fait un tour de trop... et ouais, ya rien a dire sur l’océan c’est un espace de liberté, tu peux faire un tour pour rien comme moi en ce moment, tout le monde s’en fout... A Niamey, après, je ne m’arrêtais plus et par la suite on se saluait comme deux vieux complices - Vive l’océan, mais surtout, - Vive le Niger que j’adore.
28/10/2010 - J138 - J’attends
Je ne fais rien d’autre que bouquiner et manger...
Je transpire parce qu’il fait lourd, et toutes les 3 minutes tout valdingue dans la cabine... Parce qu’un bateau sous ancre flottante est retenu brutalement par le bout d’ancrage et tout ce qui n’est pas attaché part sur une rampe de lancement et donc mézigue aussi... Je m’éclate.
En mer, quand tu n’avances pas vers ton objectif, tu deviens un peu dingue, et tu comprends que tu n’es pas sur "le petit chemin qui sent la noisette".
Là, je regrette ces soirées d’automne quand il fait très bon, sans vent, la lumière est un peu rouge, l’heure du repas approche, et tu pars marcher quelques minutes sur un chemin de nature, seul ou avec un proche... Tout le monde est chez soi, tu ne penses à rien, tu discutes ou tu te tais, rien n’est douloureux, le moment est simple...
Et toi, lecteur, avec tes gros sabots, tu vas me dire : "ouais !!! comment on fait pour discuter et ne penser à rien ?"...
- Je te réponds "C’est ça, tu as trouvé ! C’est une conversation amicale où chaque mot que tu prononces est une écoute, une bienveillance, un flux de ce qui t’entoure... il ne faut surtout pas penser, pour ça, tu comprends ?"
- Non
- Tant pis !
- et tu rajoutes "Mais si tu passes à coté d’un chien qui encule un autre chien, comment tu fais avec "le flux de ce qui t’entoure" ?
- "Et ben, tu te marres, et tu rentres prendre l’apéro, la magie est brisée, mais ça n’arrive pas si souvent."
27/10/2010 - J137 - Qu’est ce que c’est lourdingue !
C’est incroyable de repartir dans mes 22. En plus je ne fous rien et dehors, il y a 20- 25 nd de vent avec une mer formée, donc ce n’est pas agréable de sortir. Sinon, je serais allé faire un footing, histoire de conserver la forme... Le Gros travaille ma résistance au ressentiment...
"Je te remercie gros balourd, mais j’étais bien dans le coup"... Bon, je n’ai pas le choix, je suis en sécurité et je vais patienter.
"Résiiiiste ! Prouve que tu exiiiistes" France Gall.
26/10/2010 - J136 - Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Attention, la chanson est super joyeuse, tu vas pisser dans ta culotte. Mais le plus drôle, c’est la conclusion de Lolive (à la fin), qui m’a envoyé le texte complet... En plus ce n’était pas facile pour lui, car il devait arrêter le 78 tours pour recopier les paroles.
Pour ceux qui sont nés après 1985, qui n’ont donc connu que les CD, et sont tombés sur les disques vinyles 33 et 45 tours de leurs parents en se foutant de leur gueule..., un 78 tours est un disque vinyle qui tourne plus vite que les 33 et 45 tours, à 78 tours par minute, donc, mais surtout sur lequel on tombait en fouillant quand on était petits, et qui nous permettaient de nous foutre de la gueule de nos parents à nous...
Par contre, je ne sais plus comment ils tenaient sur la platine, car pour le 45, c’était chiant, t’avais pas interêt à avoir paumé l’adaptateur rond du milieu... et puis ça faisait de la manip... oh bordel ! Fallait le sortir de la poche en carton, puis de la poche en cellophane translucide, et aussi l’essuyer avant de commencer, sinon t’avais toutes les merdes qui volent collées sur la galette, et qui s’accumulaient en faisant une petite touffe sous le saphyr..., ce qui altérait très nettement la qualité du son... Si t’avais la flemme de frotter, quand t’entendais plus rien, tu soufflais, et ça se barrait... Et puis fallait te lever une fois la chanson terminée, autrement le bras de lecture finissait à dame au milieu en faisant... frruuut, frruuut...
Arrêter les aiguilles
by Berthe Sylva 1937
"Riches ou pauvres quoi qu’on fasse sur la Terre
Notre existence est une chose éphémère
Et des pendules le tic tac incessant
Semble nous dire "Tout passe avec le temps"
Voici l’enfant qui vient de v’nir au monde
Sa mère penchée vers sa petite tête blonde
Vers la pendule placée près de son lit
Jette un regard et soucieuse se dit
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
Nos p’tits enfants si mignons, si gentils
N’ grandiraient pas pour déserter leur nid
Lorsqu’à vingt ans, un jour, ils se marient
Sans un regret, ils partent et vous oublient
Et les mamans dont ils brisent l’espoir
Pensent "On voudrait près d’ soi toujours les voir
Rester petits garçons ou petites filles
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles"
Un malfaiteur, pour expier son crime
Est condamné au châtiment ultime
Dans sa cellule, il entend ses gardiens
Dire tout bas "Ce sera pour demain"
Le lendemain, il voit que l’aube se lève
Et ses idées se brouillent comme dans un rêve
Il est secoué de terreur et d’ remords
Et dit, tremblant, sentant venir la mort
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
J’ n’aurais p’t-être pas, lorsque sonnait minuit,
Commis le crime dont je vais être puni
Il a suffi d’une fatale minute
Pour que d’un homme je devienne une brute
Mais quoi, voici l’horloge de la prison
Qui sonne le glas de la séparation
Plus qu’un espoir, mon Dieu, pour ma famille
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Dans les campagnes ainsi que dans les villes
Règne le calme et chacun vit tranquille
Sans se douter qu’un orage gronde au loin
Pour bouleverser la paix du genre humain
Un peu partout, en Europe, en Afrique
Les noirs dessous de l’infâme politique
Sèment la guerre, horreur de tous les temps,
Que nul ne peut arrêter et pourtant
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
On n’entendrait plus le tocsin sonner
Pour enlever nos fils à leurs foyers
Quand à l’instant où tous les bras travaillent
Quoi de plus triste que l’heure des batailles
Peut-être qu’un jour retrouvant sa raison
L’homme maudira la guerre et ses passions
Plus de tueries ni d’hommes qui fusillent
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Tous emportés par l’effroyable ronde
Les années passent si vite pour tout l’ monde
Que l’on se dit "Pourquoi se jalouser
Se faire tant d’ mal au lieu de s’entraider ?"
Deux pauvres vieux, usés, cassés par l’âge
Sentant venir l’heure du grand voyage
Encore unis, comme dans leur jeune temps
Dans un baiser, disent en s’enlaçant
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
Nous n’aurions pas la triste appréhension
D’entendre l’heure de la séparation
Après avoir passé toute une vie
A nous chérir sans aucune jalousie
Le coeur bien gros on n’ devrait pas penser
Qu’un jour, hélas, il faudra nous quitter
Vivons d’espoir, à quoi bon s’faire tant d’ bile
Puisqu’on n’ peut pas arrêter les aiguilles !"
"Waouh, ça sent un peu la chaussette, ça a pas été repris par Iron Maiden, des fois..." Lolive
26/10/2010 - J136 - Tonnerre de Brest
Ce matin il y avait une arche pour me montrer la direction... Elle arrive avec le mauvais
temps c’te coquine.
Je n’aime pas l’orage en mer, et c’est ce qui se passe actuellement, en même temps qu’arrive du vent d’Ouest...
Je débranche tout, et j’attends.
"Ça serait quand même pas de bol qu’il me tombe dessus"...
L’orage déclenche par erreur mon détecteur de cargo ; je n’ai pas fait le rapprochement la première fois, et je me suis dit : "Quelle tuile, il ne manquait plus que ça"... Finalement, fausse alerte...
Ça me rappelle l’atmosphère devant le Pérou... Ça fait une paye maintenant...
Comme je commence à vraiment glander, j’ai regardé les séquences que j’ai tournées au Pérou avant le départ... C’est intense, mais j’ai l’impression que c’est très vieux... En tout cas, c’est très loin, et puisque pour moi le temps s’est transformé en distance, il va s’arrêter quand je vais mettre l’ancre flottante...
"Si on pouvaiiit, arrrréter les aiguilleuuu..." quel chanteur et quelle année ?
25/10/2010 - J135 - Un petit verre pour la route
Aujourd’hui, j’ai préparé mentalement les quelques jours que je risque de passer sous ancre flottante, ce gros parachute ouvert dans l’eau par la traction de la barque, et qui ralentit la dérive due au vent, d’Ouest en l’occurrence...
Je devrais en avoir pour 6 jours... C’est long quand même pour le passage d’une dépression, mais si elle s’arrête boire un coup sur toutes les îles, alors je comprends...
Evidemment, il est hors de question de ramer, et heureusement, j’ai encore du Jim Harrisson au sec à bouquiner , ça va... Y a un truc terrible dans ses bouquins, c’est que les personnages picolent tout le temps, et alors je suis tellement dans l’histoire que ça me donne soif !
Harrisson ne fait pas le voyage pour rien : quand il boit, c’est de l’alcool fort et en bonne quantité, pour le goût et pour l’ivresse..., parfois pour partager, parfois pour dormir, parfois pour oublier un être cher disparu ou un amour perdu, parfois pour partager l’amour.
Ça fait du bien de voir l’alcool comme ça...
D’un autre coté, les coupures reposent un peu..., même si on ne sait parfois plus comment faire pour ne pas s’ennuyer dès qu’on n’a rien à faire !
J’ai trouvé pour les 5 prochains jours, après on verra.
24/10/2010 - J134 - Demandez le programme !
Il me reste encore pas mal de kilomètres. Suffisamment pour ne pas penser au repos, allongé sur une plage...
Finalement, la trompe de fallope qui a été choisie, est celle qui passe par le Nord des Samoa (environ 10 jours)...
Dans 3 jours, le vent s’orientera avec une nette composante Nord, raison pour laquelle j’essaye actuellement de gagner un peu vers le Nord pour rester loin des côtes samoanes...
Ensuite, ce cap passé, je devrai descendre jusqu’au Nord des Fidji en passant à coté de Wallis et de Futuna...
Lors de cette étape, le vent et le courant devraient être favorables (environ 15 jours)...
Puis les difficultés commencent pour terminer, si je puis dire...
Car il faut que je descende vers la Nouvelle Calédonie (environ 20 jours)...
A partir du Nord des Fidji, le vent devrait prendre une composante Sud qui va m’enquiquiner...
Je viserai l’espace qu’il y a entre L’île de Efate et celle d’Erromango, au Vanuatu, et ça devrait aller...
Puis je dois encore descendre, et c’est là que Le Gros décidera s’il m’ouvre la porte ou pas, car le vent peut parfois être Sud-Est très fort dans cette région, et me remonter très au Nord...
En tout cas, je ne pourrai pas descendre jusqu’à l’île des pins, c’est quasiment sur, donc j’accosterai probablement sur la côte Est de la Grande Terre...
Voilà le programme...
23/10/2010 - J133 - Revenez les gars
Quinquin est parti... Y a plus de dorades... Y a plus de poissons volants... Les oiseaux ne pêchent pas : ils viennent me voir, poussent un cri strident de salutation, puis se cassent de la zone... Je ne vois pas de dauphins... Revenez les gars ! Sinon, ça n’a plus de sens... ou alors que l’on m’apporte une bouteille de rhum que je reconstruise ce monde délicieux... enfin délicieux, si on veut car ce n’est pas romantique la nature, ell est hard... es autres espèces ont du mérite... L’autre nuit, y avait encore un piaf qui faisait la sieste sur la cabine... Il y a eu un orage du tonnerre, et il est tombé une quantité de flotte phénoménale... Eh bien, je l’entendais qui essayait de se maintenir en place sur le panneau solaire... il a tout pris sur la tronche... quel sauvagerie... C’est comme ça, sa vie... Et c’est pour ça qu’il a envie de baiser quand ça s’arrête. Voilà le vrai remède...
et arrêtez de bouffer des ailerons de requin ou des cornes de rhinocéros pour honorer votre amour , c’est stupide. Imaginez un instant que la femme de vos rêves vous dise "Toi ! t’as mangé un aileron de requin ou je me trompe ?!",
Va plutôt de faire doucher par un orage à l’eau froide comme mon piaffe
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