J68 - Bientôt 77
Je m’approche doucement des 77 jours qu’il m’avait fallu pour traverser l’Atlantique où, sur la fin, j’avais trouvé le temps long… Eh bien, je viens de passer seulement le tiers de ce périple, et je ne m’impatiente pas du tout… C’est quand même étonnant…
Et dans 4 mois, à une vingtaine de jours de l’arrivée, je vais trouver la solitude très pesante…
Je crois que l’on saucissonne mentalement le temps en fonction de l’échéance prévisible… C’est un conditionnement naturel et j’ai un exemple à la Bigard qui va te parler, car il illustre parfaitement ce phénomène…
Imagine toi au centre -ville de ta cité préférée… Il fait beau, et tu fais tes courses tranquillement… Tu te balades et tu es heureux… Quand soudainement , la diarrhée te prend et te tord le bide… C’est sans doute le sandwich merguez-frites-mayo du marché… Les sueurs froides arrivent rapidement et tu déguerpis à un rythme acceptable, pour arriver vite à ta baraque sans te taper la honte de t’oublier en public… Or, juste avant d’ouvrir la porte de chez toi, ça devient intenable, et quand tu t’assois sur ton séant - et sur la lunette - il te semble que pas une seule seconde de plus
n’aurait été possible… Tu t’es même demandé si tu allais pouvoir te désaper…
Personne n’a exploré ce phénomène qui parait grossier au premier abord, mais qui est en fait un conflit assez fin entre la volonté et le relâchement près de l’échéance...
( J’envoie tout de suite le projet d’étude à mes collègues de Pasteur et du Parc…)
Eh bien moi, j’expérimente ça sur l’océan…
Je tiendrai jusqu’au jour de l’arrivée.
Mais je sais qu’une fois assis derrière ma bière fraiche et à l’ombre, je ne m’imaginerai pas une seule seconde de plus à ramer sur cette barque.
Mais pour l’instant c’est un plaisir…