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25/08/2010 - J74
"Je tiens toute démarche qui part de la réflexion de l’esprit sur
lui-même pour stérile et que sans le fil conducteur du corps, je ne crois à
la validité d’aucune recherche" F Nietzsche
24/08/2010 - J73 - L’ai-je bien descendu
J’ai retrouvé la glisse du rafiot en lui curant bien le fond et c’est de bon augure pour la suite, car pour le coup, je peux faire un très bon cap... même si je dois plonger plus souvent.
Il est vrai que je suis aussi bien aidé par le courant descendant depuis 2 jours...
Au Nord de 3° Sud, je ne voyais plus de poisson coucou échoué sur la barque le matin... Et il n’y avait plus que 2 petites dorades... On aurait dit qu’elles s’étaient paumées... C’est un trou là-bas ! Enfin... je voulais plus y être.
La mi parcours approche.
22/08/2010 - J71 - C’te moule
J’ai de la chance, et je vous expliquerai plus tard à quel point je suis bien aidé par mon équipe à terre...
J’ai compris que je n’avais pas tout à fait un cap qui correspondait à mon activité, ni au vent, ni aux prévisions de courants de Mercator Océan... Merci Anne ! y’avait une énigme... et évidement, j’ai fini par plonger pour voir sous la barque... Le paradis des moules, l’enfer du rameur...
C’était dur de plonger, parce qu’il y avait 2 poissons qui tournaient depuis 2-3 jours en permanence autour du rafiot. Ils sont très longs et assez filiformes, mais alors avec une gueule atroce et une bouche pleine de dents, comme un brochet en pire...
Et je vous dis que depuis que je suis allé sous l’eau avec ces bêtes, je crois moins à la théorie de l’évolution... Je ne peux pas les accepter comme mes parents... Encore, d’être frère avec les africains ça m’honore et ça me fait plaisir, mais avec eux, non. C’est un dessin pas intelligent.
En tout cas, j’ai plongé pendant 30 minutes pour gratter toute la coque, puis, avec le sentiment du devoir accompli, une fois remonté vers 18h30, j’ai bu 1 ti punch, puis 2, puis 3, et je suis complètement raide. C’est trop bon le rhum Bacardi des pêcheurs avec le jus de citron en bouteille...
La glace c’est pour les gonzesses, laisse tomber. Santé !
22/08/2010 - J71 - Le vent du boulet
J’adore cette expression... ça fait longtemps qu’on ne se balance plus de vrais boulets qui te passent à ras de la gueule et dont tu ne sens que le vent - mis à part les boulets de l’existence, mais ceux là ne volent pas, il sont accrochés à tes basques avec une chaine...
Je redescends vers le Sud et je ne sais pas si je suis sorti de ce courant équatorial mais j’ai failli finir dans la zone de convergence près de l’équateur... : j’ai senti le vent du boulet.
21/08/2010 - J70 - C’est la bagarre
Je me bats pour ne pas monter encore plus au Nord, et le vent a décidé de
passer très Sud... Je viens donc de mettre l’ancre flottante, qui me
stabilise en latitude, et j’attends une bascule du courant qui devrait
débuter demain... Pour le vent je ne sais pas... C’est un moment délicat...
Avec l’ancre, la barque se transforme en shaker...
19/08/2010 - J68 - Bientôt 77
Je m’approche doucement des 77 jours qu’il m’avait fallu pour traverser l’Atlantique où, sur la fin, j’avais trouvé le temps long… Eh bien, je viens de passer seulement le tiers de ce périple, et je ne m’impatiente pas du tout… C’est quand même étonnant…
Et dans 4 mois, à une vingtaine de jours de l’arrivée, je vais trouver la solitude très pesante…
Je crois que l’on saucissonne mentalement le temps en fonction de l’échéance prévisible… C’est un conditionnement naturel et j’ai un exemple à la Bigard qui va te parler, car il illustre parfaitement ce phénomène…
Imagine toi au centre -ville de ta cité préférée… Il fait beau, et tu fais tes courses tranquillement… Tu te balades et tu es heureux… Quand soudainement , la diarrhée te prend et te tord le bide… C’est sans doute le sandwich merguez-frites-mayo du marché… Les sueurs froides arrivent rapidement et tu déguerpis à un rythme acceptable, pour arriver vite à ta baraque sans te taper la honte de t’oublier en public… Or, juste avant d’ouvrir la porte de chez toi, ça devient intenable, et quand tu t’assois sur ton séant - et sur la lunette - il te semble que pas une seule seconde de plus
n’aurait été possible… Tu t’es même demandé si tu allais pouvoir te désaper…
Personne n’a exploré ce phénomène qui parait grossier au premier abord, mais qui est en fait un conflit assez fin entre la volonté et le relâchement près de l’échéance...
( J’envoie tout de suite le projet d’étude à mes collègues de Pasteur et du Parc…)
Eh bien moi, j’expérimente ça sur l’océan…
Je tiendrai jusqu’au jour de l’arrivée.
Mais je sais qu’une fois assis derrière ma bière fraiche et à l’ombre, je ne m’imaginerai pas une seule seconde de plus à ramer sur cette barque.
Mais pour l’instant c’est un plaisir…
18/08/2010 - J67 - Dis-donc, toi !
Dis-donc monsieur le poisson..., qu’est-ce que tu fais là ???
T’as pas d’ailes pourtant...
Ah ! Tu sautes à la perche, bravo...
T’en as un beau rostre... et à quoi il te sert...
A chasser !!!
Tu fais des brochettes de crevettes alors, cool...
Et tu piques les vesses de loup aussi ? pfffuit...
Et alors, quand tu dors, tu chopes pas de torticoli ?
T’as un étui ?... Ah... d’accord...
Coup de bol que je n’étais pas sur le pont quand t’es arrivé... parce que c’est le coup à
prendre la seringue dans les fesses, comme dans "l’aile ou la cuisse"...
Allez, repars dans l’eau, espèce de cure dent...
17/08/2010 - J66 - Les champignons
J’ai de la houle croisée, ce qui veut dire une mer hachée, ou bordélique...
Une mer régulière est une mer dont les vagues suivent le sens du vent et si le vent pousse l’arrière du rafiot, c’est le pied absolu... car c’est confortable, ça glisse...
Quand au loin se déclenche une tempête, la houle se forme et poursuit sa route jusqu’à ce qu’elle trouve un obstacle, et au milieu, parfois, il y a moi.
Et en ce moment, il y a une houle de Sud-Ouest, de Sud-Est et d’Est du vent actuel.
La collision de tout ça crée des champignons, et même des vesses de loup, qui me font danser comme Saint-Guy.
C’est difficile de ramer, et la nuit c’est chouette quand je dors : bang
bang bang.
16/08/2010 - J65 - Bon alors, où en sommes t’on ?
D’abord, je viens de sortir la dernière bière de l’outre. C’est triste.
Sinon, j’ai atteint 116° Ouest, le tiers du parcours jusqu’à Nouméa où il
restera 1600 km pour terminer jusqu’en Autralie... Maintenant que faire ?
Eh bien l’option proposée par Météostrategy et Anne, qui est devenue
experte en météo et courants, consiste à poursuivre plein Ouest comme
actuellement jusqu’au moins 125° Ouest, puis d’amorcer la descente en
passant au dessus des Marquises afin d’éviter la Polynésie et les très
nombreuses îles, car c’est un coup à poser le rafiot sur le corail. Ensuite
suivra une longue descente jusqu’à la hauteur des îles Samoas, puis Fidji-
Tonga puis..... Nouvelle Calédonie !! Par contre à 125°, si le courant
équatorial m’aspire, je serai obligé de continuer plein Ouest et d’arriver
en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou au Nord de L’Australie... ça serait dingue
aussi.
15/08/2010 - J64 - Biroute du Pérou
J’ai la biroute du Pérou qui se déchire, et c’est la tuile car j’y tiens. Elle est en haut du petit mat qui supporte le feu de position...
Quand il ne restera que des lambeaux, je mettrai le drapeau Canaque à la place.
En attendant, la biroute de France tient la marée, et continue à me donner la direction du vent... : elle est solide.
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