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04/09/2010 - J84 - Accident de la circulation
Les dorades adorent surfer dans les vagues.
Elles accélèrent comme des malades, et plongent au dernier moment sous la barque, ou sous les rames...
Elles sont agiles, et pas de problème.
Sauf qu’aujourd’hui, l’une d’elle assez grosse, s’est pris la rame en pleine poire, et moi, un retour de pelle douloureux dans le genou...
Jusque là c’est marrant, mais c’est ma réaction qui est étrange...
Moi qui suis si calme au volant, j’ai gueulé "Putain ! Connasse ! Tu peux pas faire attention "...
Bon, j’avais mal au genou, mais je vais vous revenir changé, ça c’est sûr...
03/09/2010 - J83 - Bon, alors !
La fenêtre de vents et de courants plus favorables pour me diriger vers les
Marquises est stable vers 130° Ouest et 5° Sud...
Et moi, comme un couillon, je n’arrive pas à me déhaller des 2° Sud...
J’ai repris aujourd’hui une progression correcte vers l’ouest mais demain, les courants et les vents iront un peu vers le Nord, et ce sera pire le 8 et le 9 Septembre, jours
pendant lesquels je vais encore remonter comme une balle...
Après ? on verra... C’est une période délicate, et en plus, je n’ai plus de Rhum.
02/09/2010 - J82 - Lecture pour les élèves fraîchement rentrés
Il y a 500 ans, quand Christophe Colomb est parti à la voile avec ses 3 caravelles pour la première traversée de l’Atlantique, les gens savaient en général que la terre était ronde, mais certains matelots de l’équipage en doutaient, et pensaient qu’ils pouvaient basculer dans le vide au bout de la terre plate...
Les mêmes imaginaient en voyant leur boussole qu’il y avait un aimant géant au milieu de l’océan, et qu’en s’en approchant, il arracherait les clous de construction des caravelles...
Ils étaient terrorisés à l’idée de se faire engloutir et dévorer par les animaux des abysses.
Ils espéraient arriver en Inde, et se repéraient uniquement au sextant, seulement sur la Longitude ( Est-Ouest ), et sur des cartes où ne figurait pas l’Amérique puiqu’elle "n’existait" pas encore...
En 1980, quand Gérard d’Aboville s’élance à la rame à travers l’Atlantique, il n’a qu’une VHF de courte portée… Le système de repérage par satellites GPS n’existe pas encore, et il utilise encore un sextant...
En 1990, Internet n’existe pas encore… On communique difficilement à terre par radio longues ondes, mais le GPS est désormais disponible, et met « l’éternité à la portée des caniches »… La précision est alors de 50 m, permettant à l’équipage d’un bateau de connaître sa position avec un diamètre d’incertitude de 100 m, mais interdit d’entrer au port par ce seul moyen...
En fait, la marine militaire américaine aurait pu donner une précision plus fine de 5m, mais elle brouillait les positions pour empêcher les ennemis de piloter les missiles avec leurs propres systèmes... C’est ce qu’a fait Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe, en balançant ses fusées SQUD guidées par GPS, sur les villes israéliennes...
100 m de précision suffisaient, sauf que l’engin était détecté par les satellites américains qui brouillaient alors la position, et transformaient l’arme mortelle en détecteur de sable...
Quelques plaisanciers ont du être surpris de voir qu’ils naviguaient dans les terres, s’ils ont fait le point à ce moment précis !
Eh bien moi, j’ai un petit GPS portable qui me positionne à 5 m près, sur des cartes numériques extrêmement précises sur lesquelles je peux zoomer et voir les îles, les passes, et les profondeurs dans les lagons...
J’ai des cartes de prévisions saisonnières des courants et des vents, et des prévisions à 10 jours...
J’envoie des messages par internet pour donner à voir un peu de cette balade...
Je peux même téléphoner aux proches, ce que je ne fais pas car ça me sort trop de ma solitude...
On a donc changé d’époque, et sans doute perdu de cette folie du large, mais c’est sympa comme ça...
Je viens de lire "Jeunesse" et "Le cœur des ténèbres" de Joseph Conrad
sur des épopées de navigation début 1900, c’est fantastique... Il faut lire ça !
01/09/2010 - J81 - Demain c’est la rentrée et l’arrivée de l’hiver
31/08/2010 - J80 - Le dauphiné libéré
J’ai vu 2 choses importantes sur l’eau...
D’abord, un paquet de clopes, apparemment vide, qui se baladait... Je n’ai pas essayé de vérifier s’il en restait une, car je ne suis pas un clochard...
Et ensuite, des dauphins, qui ont fait un cirque pas croyable autour de la barque... Comme une chorégraphie... J’ai d’abord détourné le regard de cette agitation, pour ensuite voir 2 dauphins arrêtés à 2-3 mètres devant le rafiot... Un liquide un peu blanchâtre est sorti à l’arrière de l’un des 2, et j’ai compris que c’était une dauphine qui avait besoin de rester à la surface pour respirer... ça a fait comme une petite volute de fumée dans l’eau le long du bateau, et une masse très claire est sortie de son ventre... Putain le truc. Je crois que je venais d’assister à la naissance d’un dauphin... Tout le groupe, une dizaine, a fait bloc autour de la parturiente, et ils sont partis doucement... Je me suis dit qu’ils étaient peut être venus chercher une protection près de moi, car les requins ont horreur de la barque, ils tournent un peu loin et se barrent... D’ailleurs, les dorades le savent... Alors, pourquoi pas les dauphins... ? Je vous assure que mes hallucinations ne sont qu’auditives. J’aurais bien fumé une petite clope le soir, pour marquer l’événement, mais le paquet devait être vide...
30/08/2010 - J79 - Traversée des Etats-Unis à la rame
Lima, au Pérou, est à la longitude de Washington, sur la côte Ouest des Etats-Unis ( c’est tout tordu, l’Amérique ), et je suis arrivé à 123° Ouest, ce qui correspond à celle de San Francisco, en Californie...
Je viens de faire un "cost to cost" à la rame...
Je l’avais fait à vélo, quel bon souvenir.
Mais ne vous gourez pas comme moi !
Partez de l’Ouest vers l’Est... vous aurez le vent dans le dos...
Sinon, affûtez vos mollets et accrochez vos casquettes.
C’est comme pour la rame en fait, mieux vaut être aidé par le vent...
29/08/2010 - J78 - ça remonte un peu
Le vent et le courant me poussent vers le Nord.
Je rame vers le Sud et donc le rafiot remonte peu mais avance peu...
Patience.
28/08/2010 - J77 - La routine
Les jours se ressemblent tellement...
Et pourtant.
Le lever du soleil se décale à ma montre qui est restée à l’heure du Pérou.
Maintenant, il se lève à 9h12, alors qu’au départ, il se levait à 6h00...
ça ne parait pas, mais si je finis ma journée à 18h00 et que je me jette un petit rhum dans le cornet, c’est comme si je le prenais à 3 heures de l’aprèm... un horaire de poivrot.
En plus, il faut que je rame après, mais c’est tellement bon, que je n’ai plus envie de forcer.
J’ai envie de m’allonger, de bouffer, et de bouquiner...
C’est efficace !
Au fait, aujourd’hui, c’est le 77ème jour ! Ce qui correspond au délai qu’il m’a fallu pour traverser l’Atlantique...
Qu’est-ce que c’était bon cette arrivée avec les potes !...
C’était drôle, je ne savais même pas que j’allais avoir des problèmes pour marcher...
Les potes me servaient de la bière, mais 1/4 de verre seulement...
Le premier coup, j’ai rien dit, mais la deuxième fois, je leur ai demandé ce qui se passait dans leur tête...
Ils pensaient que ça allait me rendre malade ; pauvres innocents...
J’ai demandé 1/2 litre, et j’ai fumé plein de clopes...
Quel bonheur.
27/08/2010 - J76 - " L’homme révolté "
" On peut préciser l’aspect positif de la valeur présumée de toute révolte en la comparant à une notion toute négative comme celle du ressentiment…
Le ressentiment est très bien défini par Scheler comme une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d’une impuissance prolongée…
La révolte au contraire fracture l’être, et l’aide à déborder… Elle libère des flots qui de stagnants deviennent furieux.
Scheler lui-même met l’accent sur l’aspect passif du ressentiment, en remarquant la grande part qu’il tient dans la psychologie des femmes, vouées au désir et à la possession.
A la source de la révolte, il y a au contraire un principe d’activité surabondante et d’énergie.
Scheler à raison aussi de dire que l’envie colore fortement le ressentiment. Mais on a envie de ce que l’on n’a pas et le révolté défend ce qu’il est…
Le ressentiment, selon qu’il croît dans une âme forte ou faible, devient arrivisme ou aigreur. Mais, dans les deux cas, on veut être autre qu’on est.
Le ressentiment est toujours ressentiment contre soi.
Le révolté, au contraire, dans son premier mouvement, refuse qu’on touche à ce qu’il est. Il lutte pour une partie de l’intégrité de son être ou de celui des autres…
Il semble enfin que le ressentiment se délecte d’avance d’une douleur qu’il voudrait voir ressentie par l’objet de sa rancune.
La révolte, au contraire, se borne à refuser l’humiliation, sans la demander pour les autres. Elle accepte même la douleur pour elle même, pourvu que son intégrité soit respectée."
« L’homme révolté », Albert Camus.
Après avoir lu ça, vous pensez bien que je ne vais pas me laisser envahir par un
ressentiment contre cette nature qui va me stresser encore quelques jours et m’arracher les bras en voulant me pousser vers la zone de convergence plus au Nord…
Et il n’y a pas de révolte possible puisque rien n’est dirigé contre moi, je n’avais qu’à pas venir…
Le passage sur les femmes, je l’ai laissé, et ça s’ajoute à la citation de Nietzsche… mais bon, c’est écrit, et Camus, c’est du marbre.
Alors après ça, je peux reprendre une phrase que j’ai lue un jour sur le blog de Marc Ginisty « La douleur est inévitable, mais la souffrance est en option »…
Voyez-vous, je cite, parce que les autres pensent pour moi.
Ici, il y a des nuages de poiscailles qui volent…
Et puisque la douleur n’est pas encore venue, je vais fabriquer un filet à papillon. Pour les attraper.
26/08/2010 - J75 - 3ème étape
La 1ère étape m’a emmené du Pérou au Sud des Galapagos, la 2ème jusqu’ici où je dois prendre entre 125° et 130° Ouest le virage vers le Sud-Ouest en direction de la Nouvelle Calédonie...
Mais comme je suis positionné assez haut vers le Nord, je dois éviter les courants ascendants, or une belle langue se présente le 29 Aout à 124° Ouest... c’est Anne qui a vu ça dans sa boule de cristal... Donc mollo, je ralenti... je vais y laisser un peu de temps mais tant pis... Patience... "Tout arrive à qui sait attendre"...
Finalement depuis le début, et même pendant la préparation, je suis dans un long travail de patience, mais pas à glander, attention... Je rajoute ça pour les élèves qui suivent cette histoire.
Moi, j’ai encore quelques mois de vacances, nananère
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