J18 - Exocet
Pour en revenir à la bestiole qui a marqué un panier à 3 points. Le poisson
volant agrémente ma balade de la compagnie de ses prédateurs. Les Puffins,
oiseaux du large toujours présents, viennent frôler avec le bout de
leurs ailes le creux des vagues et déclenchent de temps en temps la fuite
d’un poisson qui bêtement s’envole, alors le piaf accélère son vol et
chope le malheureux avant qu’il ne replonge. C’est impressionnant et
qu’est ce qui faut être con pour s’envoler au lieu de plonger. Mais le
combat le plus rigolo est celui que déclenche la dorade coryphène. D’abord
elles sont plusieurs, elles chassent en bande. Plusieurs d’entre elles ou
toutes d’ailleurs sautent et frappent la surface de l’eau en retombant sur
le coté car elles sont plates et ça fait plus de bruit, un peu comme les
dauphins de l’autre jour. Je ne sais pas du tout à quoi sert cette phase,
peut être à faire remonter les missiles à pot de chambre, en tout cas
lorsque le combat se déclenche, en même temps que le poisson s’envole à une
vitesse très rapide ( mais toujours à ras de l’eau ), une dorade suit à toute
berzingue, un vrai Tex Avery. On dirait une scie circulaire qui fend la
flotte, et là, de deux choses l’une, soit le poisson a encore du jus et il
frappe la surface de l’eau avec sa queue, reprend de l’élan mais surtout
change de direction, et alors la dorade aveuglée par la gerbe perd le poisson
de vue et l’avion renifleur est sauvé, soit, complètement occis, il
amerrit et se fait bouffer. Tu vois mon pote, je ne m’ennuie pas sur l’eau.
Pour finir sur ce sujet, ils ont pris le surnom d’exocet dans le langage courant
des marins car ils font des vols de nuit et je les suspecte d’y voir que dalle
quand il n’y a pas de soleil car les percussions sur la coque n’arrivent que
la nuit et dans la cabine c’est une explosion. Je donnerais cher pour avoir
une photo de sa tronche juste après l’impact. Et je dis que les impacts n’ont
lieu que la nuit, heureusement, car je me vois mal prendre cet obus de
chaise percée dans la face pendant que je rame.