J48 - "Le sacré et le profane" accroche toi nénesse.
Nous parlons souvent de "l’espace et du temps sacrés" avec Georgio, mon pote et frangin africain… ça vient de la lecture du bouquin de Mircéa Eliade : « Le sacré et le profane ».
En résumé, chez les peuples premiers ou primitifs qui donc étaient là avant nous et qui se mettaient des os dans le nez au lieu de les mettre à la poubelle, le temps sacré est un cycle qui débute par un rite de représentation de la création du monde qui ressource les êtres et surtout purifie les âmes et dont on s’éloigne avec le temps en dégénérant. Ce cycle finit dans une sorte de chaos que l’on nettoie avec le renouvellement du rite initial précédé d’une orgie expiatoire et ainsi de suite….
Ils font coller ce temps sacré symbolique avec un cycle naturel et c’est en général celui de la lune ou du soleil. Ça aurait pu être les menstruations de leurs femmes mais faut pas prendre les primitifs pour des cons… ils voulaient faire la fête ensemble…
Chez les peuples seconds, c’est-à-dire nous qui avons inventé la gazinière pour ne pas se faire chier à aller chercher du bois, on a un peu ça aussi avec le rite de purification du 1er janvier et son orgie, suivis des bonnes résolutions.
Mais le plus intéressant chez ces peuples premiers, qui se cachent le sexe dans un étui au lieu d’utiliser un slip kangourou comme tout le monde, c’est l’espace sacré… imaginez un seul instant une société sans livre et sans carte dont la connaissance de l’espace se limite à celui dans lequel tu peux te rendre à pinces… et bien c’est ce qui se passe dans la cabeza du primitif… Il voit chez lui et c’est tout… alors il a dit : « le centre du monde, c’est là où j’suis » … et le primaire a pris un grand bâton qui trainait par terre et l’a sculpté pour lui donner de l’allure… Il a créé un totem qu’il a planté au centre du monde…
Et les emmerdes ont commencé, car plus tu t’éloignes du totem plus tu vas vers le chaos… espace que les dieux ont délaissé ; ceux qui habitent là bas sont des barbares qui font la fête n’importe comment… de forme humaine certes, mais dont l’humanité est incomplète puisqu’ils sont nés et vivent dans ce trou à rats périphérique loin de l’endroit où a été créé le monde…
En somme, ils ne s’aiment pas et s’entretuent…
Tu me suis… ?
Quand c’est le Georgio qui te fait ce topo et qu’il te fait coller c’t’histoire à notre société moderne, c’est grandiose et tu pouffes.
Sur la mer il n’y a personne, il n’y a pas d’humanité, Il y a toi et ton totem qui flotte dont l’espace sacré se limite à 6 m², et dont le temps sacrés’est ransformé en distance. Il n’y a plus que de l’espace finalement. Une vie suspendue pour un temps.
Je me suis accordé par cette balade une sauvagerie un peu pervertie par l’écriture de ce journal de bord puisque je mélange les espaces. Autrefois, en mer, il n’y avait pas ce moyen de communication que j’utilise… tu avais les étoiles et un miroir… ça devait être dur quand même… Et moi, vu que j’ai fait le con avec l’ordi et qu’il y a du sel partout… il va exploser et je vais bientôt retourner à ces temps primitifs du marin vraiment seul en mer….
C‘est juste pour dire ça que j’ai parlé de ce sujet…